Politique
Campagne électorale sur fond de pandémie: qu’en est-il du porte-à-porte?
28/08/2021 - 20:00
Aïcha DebouzaIndispensable outil des candidats, les mesures de restrictions déjà mises en vigueur depuis le début de la pandémie n’empêchent pas les candidats de faire du porte-à-porte. Cela consiste à se rendre directement chez les habitants dans le but d’engager une discussion, d’écouter les attentes ainsi que les réclamations et le cas échéant d’y apporter des réponses.
"Le numérique s’est imposé de lui-même mais contrairement aux réseaux sociaux et aux plateformes digitales, l’échange directe permet d’installer un climat de confiance entre le candidat et le citoyen. Ça permet aussi aux électeurs de poser leurs questions aux candidats, de discuter, etc.", affirme Hassan Bouikhif, membre de la Direction générale du parti de justice et de développement (PJD).
Deux méthodes complémentaires
En effet, la propagation du virus n’a pas à elle seule, imposé la digitalisation de la campagne électorale. Le basculement vers le numérique s’est accentué avec le confinement mais a déjà été remarqué lors des élections de 2016. La pénétration du numérique dans nos sociétés date de bien plus longtemps, avec l’arrivé de la mondialisation. C’est même devenu à travers le temps, la fabrique de l’opinion de demain et ses utilités ne cessent d’augmenter de façon exponentielle. Certains parlent même d’une future société 100% numérisée.
Mais pour Mustapha Taj, enseignant chercheur et secrétaire général adjoint de l’Organisation de la jeunesse istiqlalienne, assimiler le porte-à-porte au numérique c’est comparer l’incomparable. Selon lui, il s’agit de deux méthodes complémentaires sur lesquelles le parti de l’istiqlal (PI) s’appuiera lors de cette campagne. "La campagne électorale respectera bien évidemment toutes les restrictions sanitaires imposées par le pays, mais ça ne nous empêchera pas de frapper aux portes des gens."
Aller à la rencontre des gens là où ils sont est une façon très personnelle de répandre de l'information sur les élections car elle permet d’atteindre le plus haut degré de proximité et de personnalisation de la relation entre le candidat et les électeurs. Pour beaucoup de gens, c'est aussi le seul moment où la politique entre dans leur environnement immédiat et qu'ils font face à une dynamique politique d'une manière tangible.
Le porte-à-porte est loin d’avoir fait son temps
"La digitalisation de la campagne a été faite par presque tous les partis mais pour atteindre une cible plus élargie, il nous faudra aller à la rencontre des gens. Le monde rural est aussi concerné par les élections et n’a pourtant pas assez d’accès à internet", explique Azzouz Senhaji, membre du bureau politique du parti du progrès et du socialisme (PPS). Il fait savoir que les rassemblements lors des souks et des marchés hebdomadaires s’organiseront cette année aussi mais de façon réglementaire. Chaque regroupement ne dépassera pas les 25 personnes comme dicté par le gouvernement, et tous seront priés de porter leurs masques ainsi que de respecter les distanciations.
On imagine donc bien que le porte-à-porte est loin d’avoir fait son temps. Au contraire, il revient aujourd’hui comme le moyen le plus efficace d’impliquer les personnes dans un projet. Évidemment, avoir des outils numériques tels que les tracts et les courriers ou encore être présent sur les réseaux sociaux reste important, mais le contact humain est à son tour autant essentiel. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que les partis politiques continuent, même après l’avènement d’internet, de miser sur cette technique qui est certes ancestrale mais inéluctable.
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