Société
Covid-19: et si la vaccination devient obligatoire au Maroc?
03/08/2021 - 12:15
Khaoula BenhaddouFace à la recrudescence de la pandémie du coronavirus, le ministère de la Santé se dirige vers l’obligation de la vaccination. Dans une circulaire adressée aux Directeurs régionaux de la Santé et aux directeurs des Centres hospitaliers et universitaires (CHU), le ministère de la Santé s’appuie sur le décret édictant les dispositions particulières de l’état d’urgence sanitaire pour imposer le vaccin à l’ensemble de la population, la rendre obligatoire. Cette mesure, qui prend en considération les contre-indications définies par le Comité scientifique et technique dans le protocole de vaccination, vise à "réduire au maximum la transmission de la maladie à d’autres personnes en milieu professionnel ou espaces d’activités à risque élevé", lit-on dans ladite circulaire.
Il s’agit, selon Moulay Tahar Alaoui, président du Comité scientifique et technique chargé de la stratégie de vaccination anti-Covid, d’un pas important pour juguler la propagation du virus et l’aggravation de la situation épidémiologique. "Nous sommes face à une situation inquiétante. Le nombre des cas confirmés, des décès et des personnes en réanimation ne cesse d’augmenter. Cette situation nous pousse à durcir les mesures pour faire face à la pandémie", précise-t-il.
Selon le responsable, cette décision a été mûrement réfléchie au niveau du Comité en concertation avec la tutelle. "La vaccination obligatoire est une décision qui est largement discutée. Elle a pour principal objectif de sensibiliser les citoyens et les pousser à se faire vacciner", confie-t-il à SNRTnews. Et d’ajouter : "Je donne un exemple simple et pratique : celui du Code de la route. Quand on a obligé les citoyens à porter la ceinture, et qu’ils étaient contraints de payer une amende, le nombre des accidents a remarquablement baissé. Mieux encore, quand on a donné la possibilité aux personnes disposant d’un passeport vaccinal de se déplacer librement entre les villes, beaucoup de personnes se sont ruées sur les centres de vaccination. L’obligation de la vaccination va dans ce même sens et permettra d’accélérer davantage la cadence de vaccination. C’est un préalable pour atteindre l’immunité collective et tourner la page de la pandémie".
Sans vouloir se prononcer sur l’obligation de la vaccination, Said Afif, membre du Comité scientifique et technique chargé de la stratégie de vaccination, a insisté sur l’importance de la vaccination. "La vaccination a pour but de protéger les citoyens et leurs familles du virus. Il s’agit avant tout d’une mesure préventive qui permettra également aux citoyens de voyager en toute liberté. Cette mesure permettra aussi, comme c’est le cas dans plusieurs pays, l’accès aux lieux publics comme les cafés et les salles de cinéma", renchérit le membre du comité des sages.
Une obligation et des sanctions …
Le décret-loi qui édicte les dispositions particulières à l’état d’urgence donne au gouvernement la possibilité de valider et d’appliquer des mesures nécessaires pour empêcher l’aggravation de la situation épidémiologique. Des responsables proches du dossier n’écartent pas la mise en place de sanctions à l’encontre des personnes refusant de se faire vacciner sans motif médical valable.
Dans cette lignée, force est de noter que le gouvernement pourrait s’appuyer sur un cadre juridique existant. Des Dahirs rendent en effet obligatoire un certain nombre de vaccins comme c’est le cas pour le BCG et le vaccin antivariolique. Il s’agit notamment du Dahir portant loi°1-72-165 qui stipule dans son article 3 qu’"en cas d’épidémie ou de menace d’épidémie, la vaccination ou la revaccination antivariolique peuvent être rendues obligatoires par arrêté du ministre de la Santé pour toute personne quel que soit son âge et quelle que soit la date à laquelle elle ait subi une vaccination ou une revaccination".
Conformément au même texte juridique ,"toute infraction aux dispositions qui précèdent, toute inexécution des mesures qu’elles prescrivent sont punies d’une amende de quarante à 120 dirhams… toute opposition, tout obstacle à l’application du présent Dahir ou aux mesures prescrites pour son application sont punis d’une amende de 40 à 960 dhs et d’un emprisonnement d’un à trois mois ou de l’une de ces deux peines seulement".
À l’écriture de cet article, l’obligation de la vaccination n’a toujours pas été annoncée officiellement par le gouvernement. On ignore également ses conditions d’application. Les personnes non vaccinées payeront elles des amendes ? Comment seront-elles contrôlées ? Seul l’avenir nous le dira.
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