Société
Journée de sensibilisation à l’autisme: les recommandations du collectif Autisme Maroc
03/04/2023 - 13:39
Khaoula BenhaddouEn absence de chiffres officiels, le Maroc compte près de 680.000 autistes dont 216.000 enfants. Ces derniers représentent un handicap appelé également Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA).
Il s’agit en fait d’un trouble neuro-développemental dont les premiers signes apparaissent généralement à l’âge de 3 ans. Ainsi un enfant autiste perçoit le monde d’une façon différente par rapport à une personne dite normale
Le trouble du spectre de l’autisme affecte le développement de l’enfant et se manifeste par des troubles de communication, mais aussi des interactions sociales et du comportement.
Sensibiliser les acteurs
Conscient de l’impact de ce trouble sur l’enfant mais aussi son entourage, le collectif Autisme Maroc se mobilise pour sensibiliser la société et lever le voile sur cette maladie.
Dans un communiqué publié à l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, le collectif "fait fièrement état de l’implication des jeunes autistes dans notre pays dans le processus de défense et de promotion de leur droits et le renforcement de leur participation complète et effective, dans le cadre l’autoreprésentation pour faire connaître l’autisme et ses manifestations et plaider pour la pleine jouissance de tous leurs droits".
Toujours selon le même document, "le niveau d’autonomisation acquis par certains jeunes autistes contribue à sensibiliser les acteurs, à changer les représentations négatives, et donne de l’espoir aux familles qui viennent de diagnostiquer l’autisme chez leurs enfants dans un avenir meilleur pour eux. Tout cela n’aurait pas été réalisé s’il n’y avait pas ce dynamisme de la scène des droits de l’homme au Maroc".
Réalisations et défis
Le Rapport d’étape de l’ONU de l’année 2019 concernant le Plan 2015-2030 souligne que les personnes en situation de handicap, y compris celles atteintes d’autisme, font face à de multiples difficultés, les privant de possibilités de vie et de droits humains fondamentaux. De ce fait, le collectif, se dit préoccupé par le rythme de progression des droits des personnes autistes et de leurs familles malgré les efforts de l’Etat promouvoir, protéger et réaliser les droits des personnes autistes.
Pour cela, le collectif appelle les acteurs publics concernés à:
-Travailler davantage pour assurer la pleine citoyenneté aux personnes autistes dans une société inclusive qui reconnaît le développement de leurs capacités.
- Assurer un diagnostic précoce, en particulier pour les enfants des régions rurales et éloignées, où il y a une pénurie notable des cadres spécialisés dans le diagnostic du trouble du spectre autistique, la détection des troubles qui l’accompagnent (épilepsie, problèmes digestifs, troubles du sommeil, etc.), ainsi qu’un manque de formation des cadres médicaux et paramédicaux qui sont dans les premières lignes dans la détection, la découverte et le diagnostic de l’autisme.
- La mise en place et la généralisation de l’intervention précoce prévue par le décret d’application de la loi n° 65.15 des institutions de protection sociale, en tant que service de soutien de base, qui est crucial pour le développement des compétences des enfants autistes dans les domaines de la communication verbale et non verbale et l’interaction sociale, facilitant ainsi leur accès à une éducation inclusive et à une intégration sociale globale.
-La réalisation du droit à l’éducation des enfants autistes dans l’enseignement public et de ne pas l’attacher au degré de handicap qui renvoie à l’approche médicale, alors qu’elle ne correspond pas à la nouvelle définition du handicap exprimée dans l’article 2 de la loi no 97.13 visant à protéger et à promouvoir les droits des personnes en situation de handicap et à l’article 11, qui prévoit le droit d’être accepté dans l’école la plus proche de la résidence de l’enfant et à l’article 25 de la loi cadre 51.17 de l’éducation, la formation et la recherche scientifique.
- Veiller à ce que les services d’accompagnement scolaire soient fournis, que les familles ne soient pas obligées de payer pour ce service, en particulier les familles démunies, et le considérer en tant que service public. En plus, de fournir des mesures facilitatrices raisonnables pour répondre à leurs propres besoins d’enseignement-apprentissage.
- Faciliter la participation complète et effective des personnes autistes à la vie sociale, économique, culturelle, artistique, sportive et politique, y compris le travail convenable et sur un soutien adéquat pour y parvenir, afin d’atteindre leur pleine citoyenneté, indépendance et vie décente
- Renforcer l’autoreprésentation des jeunes filles et des jeunes garçons autistes au Maroc et à la consolidation de leur droit à la capacité juridique.
Les recommandations du collectif:
Le collectif a recommandé de:
- Produire tous les textes réglementaires qui donneraient effet à la loi n° 97.13. Cette loi vise à protéger et à promouvoir les droits des personnes en situation de handicap, et de mettre en œuvre le chantier de l’adéquation de l’arsenal juridique et réglementaire actuel avec le cadre normatif international pour les droits de l’homme et les droits des personnes handicapées.
- L’adoption et la mise en œuvre des politiques publiques intégrées qui donnent la priorité à l’autisme et adoptent le croisement et la coordination des secteurs et des programmes pour assurer une application efficace et efficiente, tout en faisant participer, d’une manière effective, les associations concernées au processus de préparation, de mise en œuvre et d’évaluation.
- Assurer des experts et des cadres nationaux médicaux, paramédicaux et éducatifs nécessaires aux personnes autistes dans les domaines de prise en charge et de la réadaptation et de promouvoir l’éducation aux valeurs et au respect des différences afin de corriger les représentations négatives et les perceptions stéréotypées, qui empêchent les personnes autistes de jouir de leurs droits qui sont garantis par la Constitution et les conventions internationales.
- Soutenir les familles des personnes autistes en accélérant la mise en place d’un système de soutien social, d’encouragement et d’appui prévu par l’article 6 de la loi cadre n° 97.13, pour protéger et promouvoir les droits des personnes handicapées, afin d’aider les familles à supporter le coût élevé de l’autisme.
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