Economie
My Hafid Elalamy : « Le secteur aéronautique est en mesure de sortir de la crise encore plus fort qu'avant »
17/03/2021 - 16:01
Meryem Ait OuaannaPertes financières, faillites de compagnies aériennes, licenciements, avions cloués au sol, trafic en berne … Après plusieurs années de croissance, le secteur aéronautique mondial est ébranlé par une crise sans précédent. Suite aux limitations de déplacement partout sur le globe en raison de la pandémie de Covid-19, l’industrie aéronautique s’est retrouvée au cœur d’une crise économique des plus dévastatrices depuis 150 ans. Heurtée de plein fouet par la pandémie, cette filière qui contribue fortement au PIB mondial, peine à se relever. Par ailleurs, au Maroc, "le secteur aéronautique est en mesure de sortir de la crise actuelle encore plus fort qu'avant", a déclaré ce mardi 16 mars 2021, le ministre de l'Industrie, du Commerce et de l'Économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy.
Le secteur résiste au choc
Locomotive puissante de l’économie marocaine, l’industrie aéronautique a su se montrer "résiliente" face à la crise, assure le ministre. "Au Maroc, le secteur compte 142 entreprises. Aucune usine n’a eu des difficultés et a été contrainte de fermer", a-t-il souligné lors de l’édition 2021 du "Rendez-vous de l’industrie aéronautique". « En cette période, nous avons reçu des investisseurs internationaux avec lesquels nous avons avancé sur des extensions de leurs usines et de leurs investissements", étaye le ministre.
En termes de créations d’emploi, même si les chiffres sont en baisse, le Maroc demeure moins touché par la crise par rapport au reste du monde. "Nous avons eu 10% de pertes d’emploi en ce secteur, alors qu’au niveau mondial, nous sommes à 43%", précise Moulay Hafid Elalamy. S’agissant du chiffre d’affaires à l’export, le constat est le même. "Quant aux revenus, nous avons enregistré une baisse de 29% sur l’année 2020, alors qu’au niveau mondial, le chiffre d’affaires à l’export a baissé de 50%", poursuit-il.
Le coup de pouce du PAI
Mis en place en 2014, le Plan d’accélération industrielle (PAI), visant la transformation de l’industrie aéronautique marocaine a largement dépassé les objectifs fixés. Selon Afaf Saidi, directrice des Industries aéronautiques, ferroviaires, navales et des énergies renouvelables au ministère de l'Industrie, "le PAI a permis de générer plus de 75% des emplois créés en 15 ans. Nous sommes passés de 10.000 emplois en 2015 à 17.500 emplois en 2019, avec une représentativité féminine de 40%. Pendant cette période 43 entreprises ont été créées".
Au niveau du taux d’intégration locale, ce dernier "est passé de 17% en 2015 à 38% en 2019", soit donc 3% de plus par rapport à l’objectif fixé dans le cadre du PAI. "Le Maroc fabrique 38% d’un avion complet. C’est assez rare, les pays développés en font beaucoup moins parce qu’ils sous-traitent partout et les pays moins développés en font aussi souvent moins. Le Maroc a une double stratégie. Celle de fabriquer des pièces et celle de faire du montage, chaque avion qui vol porte au moins une pièce usinée au Maroc", a souligné Moulay Hafid Elalamy.
Lors de cette rencontre-débat consacrée à l’industrie aéronautique au Maroc, le président du Groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), Karim Cheikh a mis l’accent sur l’importance des partenariats public-privé (PPP) qui, selon lui, figurent parmi les facteurs-clés de succès de ce secteur. "Ces partenariats, entre le ministère de l'Industrie et les professionnels de ce groupement, ont permis une intégration rapide au cercle fermé des opérateurs internationaux de l'aéronautique", a-t-il indiqué. Et d’ajouter : "Le Maroc a dès le départ été dans une stratégie de développement industriel et non pas de la délocalisation avec des infrastructures de très grande qualité. Le PAI a donné la logique d’écosystèmes structurants. Aujourd'hui le Maroc est une plateforme aéronautique connue et reconnue mondialement ce qui fait de notre pays un environnement propice à l’investissement", a-t-il précisé.
Le capital humain, facteur clé de succès
De son côté, le président de l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA), Hamid Benbrahim El Andaloussi, a mis la lumière sur l’importance de la formation du capital humain. Ce dernier estime que "l’aéronautique est une industrie dont l’ADN est l’innovation et les talents". Dans la même veine, Moulay Hafid Elalamy a affirmé que "la ressource humaine est le cœur du dispositif". Et de poursuivre : "Depuis plusieurs années, nous avons mis en exergue la formation. Pour avoir de la qualité, il est primordial que la ressource humaine soit de bonne qualité".
Concernant les perspectives de l’industrie aéronautique au Maroc, Karim Cheikh a mis l’accent sur la digitalisation du secteur. "La course technologique en aéronautique est interminable. La digitalisation et la recherche appliquée sont aujourd'hui des chantiers obligatoires du moment où on est dans une chaîne mondialisée. Mais vu qu’on ne peut pas courir toutes les innovations et technologies en même temps, nous avons fait une hiérarchisation", a expliqué le président du GIMAS. "Le premier axe de développement est le composite, et le second est la propulsion", conclut-il.
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